Le cadre de la mise en place :
Un des objectifs de la ferme école est
d'aider les paysans à être de plus en plus autonomes. C'est
pourquoi, depuis 8 ans, la ferme propose de collecter le lait des
éleveurs.
Le CFR permet aux paysans d'acheter à
crédit une vache laitière d'un bon niveau génétique. Ils amènent le lait de leur/les vache(s) tous les matins à la ferme.
Le lait de la traite du soir est le plus souvent conservé pour les
besoins de la famille de l'éleveur. Les éleveurs peuvent mettre
entre 3 et 6 ans pour rembourser la vache. Le remboursement se fait
en déduisant la paye mensuelle du lait.
Actuellement il y a 60 collectés, mais
selon le calendrier de gestation, seuls la moitié apportent leur
lait. Au total cela représente ¼ du lait transformé à la
fromagerie (les ¾ proviennent du troupeau de la ferme école).
Les
collectés se doivent alors d’avoir des connaissances théoriques
et pratiques sur l’élevage bovin (pour cela ils peuvent
suivre la formation du CFR), posséder une surface fourragère
suffisante pour l’alimentation de la vache, construire une étable
saine, ainsi qu'une « salle de traite », avoir une source
d’eau facilement accessible à proximité, etc… et apporter leur
production au CFR.
Le CFR s'engage à
payer le lait à un prix fixe : 1200Ar / litre de lait
(0,34€/l). De plus, les éleveurs sont suivis par un
formateur du CFR (Patrick), qui peut répondre à leurs questions, se
déplacer chez eux pour voir la santé des animaux.
Tous les mois, une formation est
organisée au CFR, environ 30 éleveurs s'y rendent à chaque fois.
Le CFR revend aussi les médicaments et
les semences pour cultiver les fourrages à prix coutant.
Visite chez un éleveur collecté
Je me suis rendue avec Patrick, le
formateur du CFR, chez monsieur Jean-Jacques. Il est éleveur depuis
6 ans et possède 2 vaches laitières. Il habite dans un village
distant de la ferme d'une heure de marche. Ainsi tous les matins,
vers 7h, il vient livrer son lait dans des bidons du CFR, en profite
pour recharger son téléphone portable (car il n'y a pas
d'électricité dans son village), et discute avec les autres
collectés.
Avant de lui acheter son lait, les
ouvriers de la fromagerie, font quelques test, de densité, de pH
pour vérifier sa qualité. En effet, les 2 problèmes principaux
sont :
Le village de Jean-Jacques est
traditionnel, pas d'électricité, de l'eau potable à l'unique borne
fontaine, la rivière passe en bas (500m), et c'est cette eau là qui
est donnée aux bêtes. Il faut donc effectuer de nombreux voyages de
bidon de 50 litres sur le dos !
Monsieur Jean-Jacques a quelques
parcelles de fourrages, mais ce n'est pas suffisant, il doit aller
faucher l'herbe au bord des chemins en plus.
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l'étable sommaire avec 2 belles vaches laitières |
Voici sa salle de traite : le CFR
lui a offert un sac de ciment pour faire une petite dalle, quelques
bouts de bois, et voilà c'est prêt pour la traite à la main !
Quand on arrive dans le village, au
premier coup d’œil, tout semble identique, très pauvre, des maisons
en brique serrées les unes contre les autres, des poules et leurs
poussins qui courent partout, les zébus parqués dans une fosse
profonde remplie de fumier …
Et puis, l’œil s'affine, et on essaye
de mieux regarder, au delà de l'apparence générale. Finalement, on
le voit, la maison de monsieur Jean-Jacques est celle qui semble la
plus élaborée : un toit en tôle et pas en chaume, un bel
enduit, des fenêtre peintes, il a une terrasse, des ouvertures plus
grandes, il a aussi une installation pour faire du biogaz (le fumier
des vaches sert à produire du méthane, qui servira à faire une
partie de la cuisine). Cette installation a été financée par une
association protestante.
Le père de Jean-Jacques était là
lors de la visite, très fier de la réussite de son fils. Ce n'est
pas courant, souvent les parents n'apprécient pas tellement les
modifications de pratiques de leurs enfants.
Jean-Jacques nous confiait qu'il était
très satisfait de la collecte de lait, il a un revenu assurée pour
sa famille, et surtout il peut épargner ! Le CFR propose aux
éleveurs d'épargner leur argent, ce qui est très rare dans les
campagnes. Jean-Jacques a un nouveau projet : récupérer l'eau
de pluie de son toit (qui est en tôle), pour abreuver ses vaches...
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De gauche à droite : Patrick, Jean-Jacques, sa femme, et leurs 2 filles, le papa de Jean-Jacques |
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Les petites filles du village qui ont accouru pour voir la vazaha (=blanche) |
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Adorant les photos, voila une photo collective ! |
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Et ici avec les outils de travail : arrosoirs ! |