la petite famille

la petite famille

dimanche 13 décembre 2015

Développer la filière laitière dans les campagnes de la ferme école


Le cadre de la mise en place :
Un des objectifs de la ferme école est d'aider les paysans à être de plus en plus autonomes. C'est pourquoi, depuis 8 ans, la ferme propose de collecter le lait des éleveurs.

Le CFR permet aux paysans d'acheter à crédit une vache laitière d'un bon niveau génétique. Ils amènent le lait de leur/les vache(s) tous les matins à la ferme. Le lait de la traite du soir est le plus souvent conservé pour les besoins de la famille de l'éleveur. Les éleveurs peuvent mettre entre 3 et 6 ans pour rembourser la vache. Le remboursement se fait en déduisant la paye mensuelle du lait.
Actuellement il y a 60 collectés, mais selon le calendrier de gestation, seuls la moitié apportent leur lait. Au total cela représente ¼ du lait transformé à la fromagerie (les ¾ proviennent du troupeau de la ferme école).

Les collectés se doivent alors d’avoir des connaissances théoriques et pratiques sur l’élevage bovin (pour cela ils peuvent suivre la formation du CFR), posséder une surface fourragère suffisante pour l’alimentation de la vache, construire une étable saine, ainsi qu'une « salle de traite », avoir une source d’eau facilement accessible à proximité, etc… et apporter leur production au CFR.

Le CFR s'engage à payer le lait à un prix fixe : 1200Ar / litre de lait (0,34€/l). De plus, les éleveurs sont suivis par un formateur du CFR (Patrick), qui peut répondre à leurs questions, se déplacer chez eux pour voir la santé des animaux.

Tous les mois, une formation est organisée au CFR, environ 30 éleveurs s'y rendent à chaque fois.
Le CFR revend aussi les médicaments et les semences pour cultiver les fourrages à prix coutant.

Visite chez un éleveur collecté
Je me suis rendue avec Patrick, le formateur du CFR, chez monsieur Jean-Jacques. Il est éleveur depuis 6 ans et possède 2 vaches laitières. Il habite dans un village distant de la ferme d'une heure de marche. Ainsi tous les matins, vers 7h, il vient livrer son lait dans des bidons du CFR, en profite pour recharger son téléphone portable (car il n'y a pas d'électricité dans son village), et discute avec les autres collectés.
Avant de lui acheter son lait, les ouvriers de la fromagerie, font quelques test, de densité, de pH pour vérifier sa qualité. En effet, les 2 problèmes principaux sont :
  • les infections de la mamelle = mammites qui rendent le lait impropre à la transformation
  • le frelatage : ajout d'eau dans le lait pour augmenter le volume

Le village de Jean-Jacques est traditionnel, pas d'électricité, de l'eau potable à l'unique borne fontaine, la rivière passe en bas (500m), et c'est cette eau là qui est donnée aux bêtes. Il faut donc effectuer de nombreux voyages de bidon de 50 litres sur le dos !
Monsieur Jean-Jacques a quelques parcelles de fourrages, mais ce n'est pas suffisant, il doit aller faucher l'herbe au bord des chemins en plus.
l'étable sommaire avec 2 belles vaches laitières

 Voici sa salle de traite : le CFR lui a offert un sac de ciment pour faire une petite dalle, quelques bouts de bois, et voilà c'est prêt pour la traite à la main !

Quand on arrive dans le village, au premier coup d’œil, tout semble identique, très pauvre, des maisons en brique serrées les unes contre les autres, des poules et leurs poussins qui courent partout, les zébus parqués dans une fosse profonde remplie de fumier …
Et puis, l’œil s'affine, et on essaye de mieux regarder, au delà de l'apparence générale. Finalement, on le voit, la maison de monsieur Jean-Jacques est celle qui semble la plus élaborée : un toit en tôle et pas en chaume, un bel enduit, des fenêtre peintes, il a une terrasse, des ouvertures plus grandes, il a aussi une installation pour faire du biogaz (le fumier des vaches sert à produire du méthane, qui servira à faire une partie de la cuisine). Cette installation a été financée par une association protestante.

Le père de Jean-Jacques était là lors de la visite, très fier de la réussite de son fils. Ce n'est pas courant, souvent les parents n'apprécient pas tellement les modifications de pratiques de leurs enfants.
Jean-Jacques nous confiait qu'il était très satisfait de la collecte de lait, il a un revenu assurée pour sa famille, et surtout il peut épargner ! Le CFR propose aux éleveurs d'épargner leur argent, ce qui est très rare dans les campagnes. Jean-Jacques a un nouveau projet : récupérer l'eau de pluie de son toit (qui est en tôle), pour abreuver ses vaches...
De gauche à droite : Patrick, Jean-Jacques, sa femme, et leurs 2 filles, le papa de Jean-Jacques

Les petites filles du village qui ont accouru pour voir la vazaha (=blanche)
Adorant les photos, voila une photo collective !
Et ici avec les outils de travail : arrosoirs !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire