Le passage du cyclone Enawo

La semaine dernière un cyclone était prévu de passer à Fianarantsoa. Le consulat de France nous avait envoyé un message assez alarmant en début de semaine : 

« ALERTE CYCLONE COTE EST ET HAUTS PLATEAUX VENTS SUPERIEURS A 200 KMS HEURE TRES FORTES PRECIPITATIONS VAGUES DE SUBMERSIONS SUR LITTORAL ». 

Nous étions donc prévenus ! A la ferme, les pompes qui puissent l’eau de la rivière avaient été stockées à l’abris, les voitures qui prennent l’eau remisées au garage.. nous étions prêts !

Tout le monde en parlait… et seulement un crachin, un temps plus froid, quelques bourrasques de vent… nous suivions l’avancée du cyclone tous les jours « Aujourd’hui il est à Tana, il se déplace à 15 km/h… », « Là il est à Ambositra, il devrait arriver vers 13h… ». 

Un mélange pour nous de peur et d’excitation. Peur des toits de tôle qui s’envolent et qui blessent des passants, peur de l’inondation qui abimerait tant de maisons de fortunes…

Et puis finalement, fort heureusement, le cyclone a diminué, et nous avons eu une nuit des vents forts (mais pas non plus très forts) et des grosses pluies.

Le matin du passage du cyclone, en prenant la bâchée, je me demandais avec les employés de la ferme si nous pourrions passer le pont au-dessus de la rivière… en effet, celui-ci s’est retrouvé submergé ! La voiture ne pouvait passer, il y avait environ 80cm d’eau ! Une foule de villageois était postée des deux côtés du pont, à regarder ! Il y avait pourtant des porteurs de paniers de fruits/légumes, de sac de riz qui traversaient à pied le pont, avec de l’eau arrivant aux cuisses…

Le problème à la ferme, c’est qu’il faut travailler tous les jours ! Les animaux ont besoin de manger ! Le lait doit être transformé en fromage (la cuve ne peut pas stocker tellement de lait). Il fallait donc qu’un minimum de salariés vient travailler ! Je me suis donc engagée sur le pont, remontant mon pantalon, retirant mes sandales, et de façon inattendue et très gentille, un jeune homme est venu me prendre la main pour m’aider à traverser. Il est vrai que par endroit le courant était fort et qu’il y a  de nombreux trous sur ce pont ! 

Une véritable épopée ! Surtout que j’étais la cible de tous les regards !

Au final, l’équipe de la ferme était réduite, mais le travail a pu être fini et le soir la rivière était redescendue et nous avons pu passer à pied sec.

Finalement dans la région de Fianarantsoa le cyclone n’a pas causé de dégâts, heureusement !